Arpentage du rapport Delevoye sur les retraites
Le groupe Pays de La Loire a fait un atelier d’arpentage du Rapport Delevoye « Pour un système universel de retraite ».
En préambule, l’Arpentage est une technique de l’éducation populaire dont une présentation ci-dessous est extraite du site de la Scop Le Pavé : http://www.scoplepave.org/pour-discuter
De nombreux autres outils existent, et cet article est une incitation à découvrir l’Arpentage, découvrir le résultat du groupe Pays de la Loire sur un texte d’actualité (en suite de l’article et en document lié), puis d’essayer vous même cette technique (ou une autre) sur un texte de votre choix.
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Arpentage
Durée : 2 à 3 heures, nombre : 15 maximum, aménagement : aucun
Désir : Lire un livre en peu de temps et collectivement. Permettre à un groupe d’acquérir des savoirs communs, de s’approprier des références communes, et donc de sortir des dominations par le savoir, et à chacun, et surtout aux non-lecteurs, de s’offrir le luxe et le plaisir de découvrir des pensées, des auteurs ou des théories, qu’on ne serait pas allé chercher sans ça.
Préparation : choisir le livre à arpenter et en récupérer un exemplaire qui ne pourra être rendu…
Animation : le groupe va d’abord échanger sur ce que chacun devine du contenu du livre, par ses propres savoirs ou par l’objet-livre en lui-même (l’épaisseur, l’éditeur, l’impression, les polices, la couverture, l’auteur, le thème…). Les ressentis sont les bienvenus : « c’est gros, ça doit être chiant ». Puis vient le moment difficile pour certains où le livre va être déchiré en autant de morceaux qu’il y a de participants. Chacun va alors prendre le temps de lire son morceau de livre puis de répondre à quelques consignes définies à l’avance du type : quelles sont tes impressions de lecture ? Quelles questions tu te poses après cette lecture ? Qu’est-ce qui t’a marqué ?Vient alors le temps des retrouvailles en groupe où chacun va pouvoir livrer ses réponses. Il y a alors évidemment de nombreuses variantes pour se raconter tout ça.
Variantes : il peut y avoir, ou non, une prise de notes de cette discussion, pour faire une fiche de lecture (subjective) de ce livre. Les réponses individuelles peuvent être écrites sur des post-it qui seront ensuite affichées sur des panneaux au fur et à mesure des prises de paroles. Les prises de parole peuvent être chronologiques ou bien aléatoires. Il est aussi possible de partager le livre entre des binômes, pour que 2 personnes aient lu chaque morceau.
NdlR : Cette méthode vise à émanciper d’un rapport au savoir douloureux pour bon nombre d’entre nous et bien évidemment renvoyant aux usages proposés par l’école de la lecture. Dans tous les cas,
il faudra donc déculpabiliser les participants par rapport à ce vécu, et donc ne pas du tout proposer de faire un résumé des idées contenues dans son morceau de livre ou de devoir dire des choses intelligentes par la suite. Et, étrangement, en ne partageant que des ressentis sur des morceaux du même livre, une alchimie s’opère et chacun a le sentiment de s’être mieux approprié le contenu de ce livre que s’il l’avait lu in extenso lui-même. Sans doute, car cette méthode permet une prise de recul sur les contenus et facilite une critique dure à formuler soi-même car nous sommes d’habitude seuls face un écrit construit.
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Arpentage du rapport Delevoye sur les retraites par Réseau Salariat Pays-de-la-Loire
Ressenti général : texte pas très clair, ça sent l’embrouille quand même… des colères, des mots éloquents (libre choix… ), des imprécisions, des contradictions, beaucoup de contradictions…. Alors, c’est sûr qu’on n’est pas partis confiants mais on a essayé de comprendre quand même… vraiment, on s’est donné du mal…
Et puisque la neutralité n’existe pas, on s’est demandé qui était M. Delevoye :
Jean-Paul Delevoye est un ancien chiraquien, gaulliste social… il a été donc successivement RPR, UMP et République En Marche.
Edito + 1. Un système universel par répartition en points
C’est un projet en concertation avec tous les concitoyens
Attention aux mots : C’est une protection sociale dont la finalité est de protéger les plus fragiles (nous ne sommes pas très convaincus d’emblée…)
43 régimes actuellement pour arriver à un seul régime universel.
Le système universel s’appliquera au plus tôt aux assurés nés à compter de 1963. L’âge de la retraite étant établi à 62 ans, le nouveau calcul s’appliquera en 2025 pour ceux qui choisirons de partir à ce moment là…
Le calcul : 10€ de cotisations = 1 point de retraite = 0,55€ de retraite annuelle (valeur aujourd’hui hypothétique… donc impossible de calculer vraiment…
Exemple p.17 comparaison système actuel en heures / trimestre et futur système / cotisation, comparaison impossible…
Périodes de chômage indemnisées, maladie, maternité et invalidité comptabilisées dans le régime par points.Tout le monde est donc concerné.Le système actuel base son calcul sur les 25 meilleures années, le système par points prend en compte tout le parcours professionnel, donc les périodes de fragilités également…(ça nous dit rien de vraiment bon…)
Le texte dit que l’indexation sur l’évolution des salaires est plus avantageuse que l’indexation par rapport à l’inflation, le texte dit donc que la valeur du point sera indexé sur le revenu moyen… mais pas tout de suite, il y aura une période de transition… mais le texte dit aussi que les retraites seront revalorisées en fonction de l’inflation !!!! (ça nous paraît complètement contradictoire et pas clair du tout… Bref, ça sent l’enfumage…)
Mise en place en 2025, « les anciens régimes seront garantis à 100 % » : transformés en points et les calculs présentés parlent de prorata… (On continue à avoir a des doutes…)
2. Un système où 1€ cotisé donne les mêmes droits.
Aujourd’hui, la retraite est calculé sur un plafond de 40000 € par an. Donc, une personne qui gagne au dessus, ne cotise à taux plein que jusqu’à 40000€ de son salaire annuel et au dessus il cotise moins… Cela a pour effet de réduire les écarts de montants de retraite au final entre petits et hauts salaires.
Avec le système à points, le plafond est multiplié par 3, ainsi le calcul du montant de la retraite sera calculé sur les salaires jusqu’à 120000€ par an… (Clairement, les riches vont donc avoir plus qu’avec le système actuel.)
+ la philosophie est donc complètement différente puisqu’avec le système par points ça veut dire « je cotise, j’ai droits » alors qu’aujourd’hui, « je cotise pour du salaire réparti et redistribué » ça n’a rien à voir.
Le système par points individualise le calcul, ça sera chacun sa merde, terminée la notion de socialisation… Le texte prévoit un minimum garanti… affaire à suivre…
3. Des conditions de départ valorisant l’activité
62 ans l’âge légal de départ en retraite mais tu peux continuer à travailler pour augmenter ta retraite : liberté de choix (évidemment !)
Possibilité de cumuler travail et retraite sans limite (alors qu’aujourd’hui tu ne peux pas travailler au dessus du montant de ta retraite…). Comme ça, ceux qui ont une faible retraite pourront bosser plus pour avoir de nouveaux droits… (Mais alors : jusqu’à quel âge tu travailles ??? Quand déjà tu as bosser toute ta vie avec un salaire de misère ???)
Question de la transition emploi/retraite : c’est mieux de ne pas partir directement complètement à la retraite, il faut y aller doucement (quelle bienveillance !!!) et donc pour ça le temps partiel des seniors sera valorisé en… exonérant les entreprises de cotisations (ben voyons !!!)
Et, un minimum garanti pour une carrière complète au SMIC = 85 % Smic= 1000€ par mois. (sauf qu’on ne comprend pas bien ce que veut dire une carrière complète…)
4. La reconnaissance de la pénibilité et des spécificités de certains métiers
Jusqu’à maintenant possibilité de départ à la retraite à 57 ans pour les fonctionnaires. C’est terminé sauf pour les fonctions régaliennes à savoir : les militaires, les gendarmes, les personnels du ministère de l’intérieur (la police quoi ! Entre autres…)
Les aides soignants sortent de cette catégorie… (bon, ben tout est dit… et là encore, ça nous dit rien de bon…)
Il est par ailleurs question de valoriser le début de carrière mais comment, on ne sait pas… Pas clair du tout…
5. Des droits familiaux renforcés et harmonisés pour plus de solidarité
majoration de 5 % par enfant dès le premier enfant.
Part du principe que les femmes gagnent moins que les hommes, ça devient un postulat et on raisonne à partir de ça sans se dire que quand même ça ne devrait pas être possible… Non, de toute façon les femmes gagnent moins que les hommes, normal puisqu’elles doivent s’arrêter pour avoir et s’occuper des enfants… (très énervant…!!!!)
La majoration peut être répartie en revanche dans le couple…. Ainsi, au 4 ans de l’enfant (!!!!!!!!!!) il faudra choisir si la majoration revient au père, à la mère ou au deux…
MAIS, partant du postulat que les hommes gagnent plus (puisque c’est un fait qu’on ne souhaite pas changer ici…), il y a de forte chance que la majoration soit portée sur le salaire des hommes. (le fameux libre choix…)
Le « libre choix » se faisant au 4 ans de l’enfant alors que tu seras à la retraite des années et des années plus tard… Quid de la suite s’il y a divorce ??? parce qu’il peut se passer plein de choses quand même entre les 4 ans de tes enfants et ta retraite !!!!!!
Cela revient à faire en sorte que la femme a intérêt à rester avec le père de ses enfants…(Forte impression de déjà vu ici… Un magnifique retour en arrière dis donc !!!)
+ pension de reversion dont le calcul doit permettre au conjoint restant de percevoir 70 % des revenus du couple. MAIS ! Pour ça il faut être marié ! Uniquement marié ! Le divorce annule entièrement la pension de reversion (alors qu’aujourd’hui il y a une notion de prorata du temps passé en couple…)
Donc valorisation du mariage et dévalorisation du divorce : si ce n’est pas des valeurs traditionnelles qui nous rattrapent ça !!! (mine de rien, ni vu, ni connu…)
6. Renforcer la capacité des usagers à anticiper et à choisir le moment de la retraite
Le mot choix est omniprésent, trop pour que ce soit louche et très dans l’air du temps avec l’idée derrière de faire peser l’entière responsabilité sur l’individu… (idéologie libérale ++++)
Tout sera dématérialisé et le suivi du dossier de retraite par point sera sur internet uniquement ( c’est super !) un accompagnement est prévu tout au long de la carrière avec des entretiens possibles dans divers endroits et on nous parle aussi de guichet unique.
Le guichet unique représente tous les services publics, il sera pluri-compétent et pourra répondre à tout (génial ! Bon, on a juste des doutes sur la faisabilité et les moyens déployés pour ça…)
Et l’idée que toutes les données des personnes sur leur parcours pro deviennent des données informatiques, ça risque encore d’être des données monnayables… (non, on n’est pas joueurs…)
7. Une gouvernance innovante
Plusieurs instances pour gérer le bouzin :
- un conseil d’administration composé de 26 membres : 13 représentants de syndicats de salariés et 13 représentants de syndicats d’employeurs…. Cette instance pilote (mot qui revient fréquemment) et gère mais le texte dit bien que c’est le gouvernement et le parlement qui décide (ben voyons ! Donc on pilote mais avec l’État dans l’oreillette !!!) puisque le plan pluriannuel de la CQ est décidé par l’État…
Avec une fixette : les retraites ne doivent pas représenter + de 13,8 % du PIB et 1/4 des dépenses publiques… (on ne sait pas bien comment on en arrive à ça mais on y tient, c’est le cap à maintenir coûte que coûte…)
- Une assemblée générale qui ne doit pas contenir plus de 80 membres issus des associations de consommateurs, familiales, organisations professionnelles et représentants des étudiants. ( ça nous fait penser aux AG des associations avec toute leur limite quant à une validation fictive tout pendant que le bureau fait ce qu’il veut… )
- Un comité d’expertise indépendant : composé d’experts « indépendants » comme Delevoye, par exemple, qui pourront faire des préconisations… (très libérale aussi comme conception, la figure de l’expert, de l’élite qui sait et qui doit mener tout le monde dans le droit chemin…)
- Conseil des citoyens composé de 30 personnes tirées au sort, tous les ans… On nous parle alors de gouvernance « inclusive » (encore un mot bien à la mode qui ne veut rien dire) et on nous parle alors de démocratie avec 30 citoyens (c’est quand même peu vis à vis du reste !!!) et dont le mandat est d’un an…( Autant te dire que tu seras loin d’avoir tout cerné en un an… mais c’est pas toi l’expert de toute façon…)
8. Une organisation unifiée et un financement intégré
On a zappé la lecture, un bel acte manqué… vu le titre… en même temps, on sent l’arnaque…
On a juste vu que ça parlait évidemment d’unifier toutes les caisses pour n’en faire plus qu’une… la question qui nous est venue c’est : mais comment ça va se passer la transition jusqu’en 2025 ??? On y voit là un beau moyen de réduire le nombre de postes, et une belle casse en perspective…
9. Un système plus redistributif et conçu dans le respect des grands équilibres financiers
Partie bourrée de contradictions !
On nous dit là que si le système n’est pas à l’équilibre le point baissera, alors qu’en première partie il est dit le contraire…
Aucune garantie donc du niveau de retraite
On sent l’effort énorme dans cette partie pour dire que ça ne change rien… (Surtout que si ça ne change rien, à quoi bon changer de système donc ??? ça ne tient pas des masses…)
Le prolongement de l’activité est quand même le but visé, ça, ça paraît finalement assez clair…