Pour une Sécurité sociale de l’alimentation - Campagnes solidaires
Un revenu pour les paysan·nes, une autre PAAC, l’aide à l’actif ou active, la sortie des pesticides, la reconnaissance du travail des femmes en agriculture, une retraite digne de ce nom, la régulation des marchés, le prix minimum d’entrée à l’importation, la loi foncière, le combat contre la malbouffe… Du temps, de l’énergie et de la motivation militante sont dépensés pour défendre nos revendications et nos propositions. Leur pertinence est encore une fois démontrée face à la dernière crise sanitaire.
Pour autant, toutes les revendications de la Confédération paysanne, pour légitimes qu’elles soient, peuvent être ressenties comme un inventaire à la Prévert. Il ne suffit pas de brandir le drapeau de l’agriculture paysanne pour faire bloc devant la complexité du système agricole et alimentaire dont nous sommes le premier maillon.
Des aides à l’actif, très bien ! Mais après, quoi ? Une amélioration du revenu, du coup encore dépendant des aides. Une sortie des pesticides, parfait ! Mais après, quoi ? Des prix toujours fixés par l’agro-industrie et le marché ? Les femmes reconnues pleinement comme des actives agricoles : encore heureux ! Mais après ? Toujours avec un revenu moyen de 300 euros ?
La malbouffe aux poubelles de l’histoire ? Entendu. Mais que faisons-nous de la démocratie alimentaire et de l’accès à une alimentation durable pour tous ? Un prix minimum d’entrée ? Amen. Mais comment structurons-nous la demande des produits locaux ? En laissant cette structuration aux mains de la grande distribution ? Jamais de la vie, n’est-ce-pas ?
Alors que faire ? Que faire à part brandir un drapeau, faire connaître (à raison mais trop souvent à bas bruit) nos positions dans les interprofessions ou les chambres d’agriculture, manifester dans la rue ou les ministères nos mécontentements, en subissant les agendas de la réforme néolibérale.
Le projet de Sécurité sociale de l’alimentation ne propose pas moins de faire le lien manquant entre la demande et l’offre d’alimentation. Cette demande, s’inspirant de celle de santé, pourrait devenir le puissant levier de la transformation agro-écologique et paysanne de notre agriculture.
Nous ne partons pas de rien. La sécu, telle qu’elle a été pensée par nos mères et nos pères, si nous ne faisons rien va disparaître.
Alors, passons à l’offensive, non pas pour sa défense mais pour son extension à l’alimentation, et donc à sa production !
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Un dossier paru dans le mensuel de la Confédération paysanne, Campagnes solidaires (n°364, 09/2020) à retrouver en fichier PDF ci-dessous.