Figures du communisme
Le capitalisme détruit les existences.
Il les détruit même deux fois. D’abord d’angoisse et de précarité en remettant la survie matérielle des individus aux mains de deux maîtres fous : le « marché » et l’« emploi ». Ensuite en rendant la planète inhabitable : surchauffée, asphyxiante, et désormais pandémique.
Il faut regarder ces faits bien en face et s’astreindre maintenant à un exercice de conséquence.
1/ Le capitalisme met en péril l’espèce humaine.
2/ En 40 ans de néolibéralisme, l’espace social-démocrate où se négociaient des « aménagements » dans le capitalisme a été fermé : ne reste plus que l’alternative de l’aggravation ou du renversement.
3/ Il ne faut pas douter que la minorité qui en tire avantage soit prête à tout pour se maintenir.
4/ Sortir du capitalisme a un nom : communisme.
Mais sortir du capitalisme demeure un impensable tant que le communisme demeure un infigurable. Car le communisme ne peut pas être désirable seulement de ce que le capitalisme devient odieux. Il doit l’être pour lui-même. Or, pour l’être, il doit se donner à voir, à imaginer : bref se donner des figures.
La fatalité historique du communisme est de n’avoir jamais eu lieu et pourtant d’avoir été grevé d’images désastreuses. À la place desquelles il faut mettre enfin des images de ce qu’il pourrait être lui, réellement.
Frédéric Lordon
Frédéric Lordon est chercheur au CNRS.
Sortie : 5 mars 2021 - 282 pages - ISBN : 9782358722131 - 13,00€ - Editions La Fabrique
Cet ouvrage regroupe, complète et prolonge les articles de blog de la Série Perspective, paru sur le blog La Pompe à Phynance, sur le site du Monde Diplomatiques.