Le travail et les ressources financières des femmes

19/01/2022     GROUPE FEMME

    Le travail et les ressources financières des femmes

    Le travail est l’enjeu du patriarcat et du capitalisme, lui-même patriarcal. 

    Tout le travail n’est pas concerné ici : seul le travail pour lequel il y a exploitation est à prendre en compte.  Ainsi, il n’y a pas lieu de se demander si telle ou telle activité est du travail ou non, mais plutôt si tel ou tel travail ou activité s’accompagne d’une exploitation. Autrement dit, si le rapport de production, c’est-à-dire la façon dont les individus gagnent leur vie, est un rapport d’exploitation.

    Pour la classe des femmes, l’exploitation par la classe des hommes s’opère dans l’emploi et hors de l’emploi, donc dans la sphère professionnelle et dans la sphère privée, chacune étant régie par des institutions différentes. L’exploitation s’opère ainsi dans le mode de production capitaliste ET dans le mode de production domestique. À l’exploitation capitaliste dans la sphère professionnelle s’ajoute l’exploitation patriarcale, qui découle de l’exploitation dans la sphère privée. 

    De tous temps, le récit dominant a mis en lumière le travail des hommes… au détriment de celui des femmes, notamment dans leur travail de reproduction (cf. Ursula K. Le Guin, La théorie de la fiction-panier ; et Alice Zeniter, Je suis une fille sans histoire). 

    Ainsi, la fiction selon laquelle « historiquement, les hommes travaillent et les femmes restent à la maison » est totalement mensongère. D’abord parce que de tous temps une majorité de femmes (prolétaires, racisées) ont occupé la sphère professionnelle, mais leur place a été totalement invisibilisée, y compris par l’histoire syndicale ; aussi parce que les femmes quand elles « restent à la maison », travaillent : c’est le travail domestique. Seulement ce mythe très fortement ancré dans notre société justifie que pouvoirs économiques (patrons, banques) et pouvoirs publics s’allient pour faire de nous des « assistées », dépendantes économiquement de nos pères, nos maris, nos compagnons… que l’on occupe un poste dans la sphère professionnelle ou pas ! Et c’est encore vrai aujourd’hui.

    Dans la sphère privée : le rôle fondamental du travail domestique et la dépendance économique des femmes organisée et entretenue

    *Le travail domestique invisible, essentialisé et gratuit, sans protection, un « travail de femme » grâce à des institutions aliénantes*

    Ici, l’exploitation des femmes par les hommes s’opère par le travail domestique ; seul le travail domestique gratuit pour autrui est concerné, pas le travail domestique pour soi. Par travail domestique, il faut entendre tous les travaux effectués à titre gratuit dans la sphère du foyer : cela inclut les tâches communément retenues, comme le travail ménager (vaisselle, repas, ménage etc.), l’élevage des enfants, le travail pour un conjoint libéral, indépendant, agriculteur, commerçant (comptabilité, secrétariat, commerciale, représentante, « diplomate », etc). 

    Le travail domestique, effectué pour soi ou pour autrui, représente en moyenne en France 29 heures hebdomadaires pour les femmes et 18 heures pour les hommes. Il varie de 17 à 21 heures pour les pères et de 31 à 38 heures pour les mères, selon qu’ils/elles ont 1 ou 3 enfants et plus. Sur le plan macro-économique, le travail domestique en France, dans une estimation médiane, représente 60 milliards d’heures par an.

    Le travail domestique au sens large dans la sphère privée, gratuit, prend la forme du statut de femmes au foyer, d’emplois à temps partiels, d’aides familiales.

    Les institutions du travail gratuit dans la sphère domestique

    Ce sont la coutume, le contrat de mariage ou le pacs, la législation régissant la sphère privée ayant trait notamment à la violence faites aux femmes, le droit de la famille, les droits régissant la cotisation familiale, la santé, la retraite, le chômage, les aides familiales de l’État, le droit relatif au patrimoine et à l’hérédité, le droit du travail non salarié.

    Le travail domestique n’étant pas payé, donc pas considéré comme un travail, il ne fait l’objet d’aucune protection, d’aucune prévention contre les maladies et accidents du travail. 

    L’État français s’est construit en mettant en son cœur la famille nucléaire comme cellule sociale de base, lieu des pratiques sociales qui cimentent les rapports sociaux que sont le patriarcat et le capitalisme. Le droit civil, droit de la famille est fait par et pour les hommes. C’est seulement depuis juillet 1965 que les femmes mariées ont acquis (ou plutôt retrouvé) la capacité juridique, dont celle d’avoir leur propre compte en banque et signer un contrat de travail sans avoir l’accord de leur mari.

    Mais, si nous semblons avoir acquis notre indépendance juridique, les textes et pratiques continuent de favoriser les hommes, que ce soit dans le couple ou dans la famille. Le travail domestique est ainsi une forme de travail gratuit essentiellement accompli par les femmes au bénéfice des hommes. Et ce travail gratuit et invisibilisé contribue à la moindre reconnaissance salariale des femmes dans la sphère professionnelle… Ce qui nous rend d’autant plus dépendantes économiquement de notre conjoint, concubin qui lui a un salaire plus élevé et assure notre sécurité matérielle… tant qu’on est en couple.

    (cf. web BD d’Emma : https://emmaclit.com/2019/09/03/michelle/)

    L’ouvrage Le genre du capital démontre de manière détaillée et argumentée comment les femmes sont les grandes perdantes en ce qui concerne le divorce, l’héritage… Ainsi, la pension alimentaire est ridicule et souvent pas payée.

    podcast : [https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/le-patrimoine-enjeu-capital](https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/le-patrimoine-enjeu-capital)

    où sont invitées les deux autrices Céline Bessières et Sybille Gollac à parler de leur livre Le genre du capital. Comment la famille reproduit les inégalités.

    La prestation compensatoire est la seule mesure politique en France qui prend en compte l’inégale répartition du travail domestique. Récemment, en Chine, une décision de justice a obligé un homme à verser à sa femme de l’argent pour tout le travail ménager effectué durant leur vie de couple.

    (cf. http://www.slate.fr/story/204157/chine-divorce-taches-domestiques-societe-couple-mariage)

    Cette dépendance économique des femmes est rendue possible par les politiques publiques comme le « quotient familial » pour calculer les impôts du foyer par exemple… Toute mesure visant à englober femme et homme comme une seule unité renforce la dépendance économique des femmes à leur situation de conjointe, compagne enfermée dans leur couple.

    Le régime général de sécurité sociale, par le mécanisme des cotisations sociales, a permis à son origine de reconnaître le travail fourni par les parents (essentiellement les femmes) dans la prise en charge de leurs enfants. Mais là encore les gouvernements successifs ont peu à peu démantelé cette branche de la sécurité sociale et les prestations familiales sont bien en deça des besoins réels : manque criant de places en crèches, les allocations versées pour soutenir l’éducation des enfants sont insuffisantes… Et entretiennent la précarité des métiers de service à la personne dont font partie les métiers liés à la garde et à l’éducation des enfants notamment.

    Lasolutionau travail domestique, le recours au service à la personne ?

    Les métiers dits de service à la personne : femme de ménage, assistante maternelle, aide à domicile… sont des métiers très majoritairement assurés par des femmes, faisant bien souvent l’objet de temps partiels subis, avec une forte pénibilité et très mal rémunérés. Les hommes s’en tirent à fort bon compte et la lutte des classes se rejoue indéfiniment, fortement teintée de suprématie blanche.

    Le travail domestique n’est pas étanche à la sphère professionnelle

    Comme le démontre Christine Delphy à propos du mythe du « travailleur indépendant ». Outre que le statut « d’indépendant » est fort mal nommé puisqu’il ne tient pas compte des liens d’interdépendance qui traversent la société, il invisibilise tout le travail effectué par les conjointes, compagnes de ces travailleurs indépendants. Il s’agit très souvent d’un homme dont sa femme travaille gratuitement pour lui, sans aucune reconnaissance économique. Ces dernières années le droit a un peu bougé avec, notamment, la création du statut de « conjoint collaborateur », mais on est encore loin du compte… en ce domaine, le droit est à la traîne et la dépendance économique au mari (ou concubin) reste la norme.

    Les syndicats sont centrés sur le travail salarié

    Ils ont récemment élargi leur spectre au travail indépendant dans le cadre de l’ubérisation croissante. Mais ils ne se sont jamais intéressés au travail gratuit des femmes dans la sphère domestique, pourtant à l’œuvre bien antérieurement à date de naissance du premier syndicat en France, la cgt.

    Dans la sphère professionnelle : la classe des femmes doublement exploitée

    L’exploitation des femmes dans l’emploi découle en partie du travail domestique dans la sphère privée. Elle prend la forme du temps partiel, de la division sexuée du travail, de la précarité. 

    marché du travail + marché des biens et services = emploi

    La valeur économique du travail (au sens emploi) en système capitaliste est une décision arbitraire à la main des « employeurs », c’est-à-dire de ceux qui détiennent le capital.

    *La division sexuée du travail : femmes et hommes n’occupent pas les mêmes postes*

    Le monde de l’emploi est très fortement marqué par la division sexuée du travail. Elle correspond à la division hiérarchique du travail (plafond de verre, plancher collant), à la ségrégation horizontale sectorielle et des métiers (murs de verre). La division du travail se caractérise aussi par la moindre diversité de secteurs d’activité et de métiers des femmes.

    Or, cette division sexuée entraîne différentes conséquences dont celle d’une moindre reconnaissance salariale des métiers essentiellement occupés par des femmes. Ce sont beaucoup des métiers dits « du care », c’est-à-dire des métiers qui s’inscrivent dans le champ du soin, de l’attention, du soutien apporté à autrui : champ médical, champ éducatif, champ du nettoyage, champ des soins corporels, prise en charge des personnes dites vulnérables parce que mineures, âgées, dépendantes. C’est aussi le cas de beaucoup de métiers dits « administratifs » : secrétaires, comptables, assistantes. Egalement le cas de métiers de l’alimentaire : caissière, cuisinière, serveuse, cantinière. Cette division sexuée de l’emploi qui entraîne une hiérarchie salariale est renforcée par une division racialisée de l’emploi, les postes étant les moins bien rémunérés et vraisemblablement pas les mieux défendus par les syndicats, sont donc ceux occupés majoritairement par les femmes dites racisées et, pour une partie d’entre elles, des femmes étrangères à la merci du droit de l’immigration en France qui favorise l’exploitation par la vulnérabilité organisée dans laquelle sont maintenues les personnes étrangères voulant travailler en France. 

    (cf: intervention de Caroline IBOS : https://www.lairedu.fr/media/video/conference/crises-economiques-migrations-feminines-nouvelles-formes-de-domesticites/

    et, pour un exemple précis, lutte des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles : https://www.binge.audio/podcast/kiffetarace/sous-traitance-maltraitance-a-libis-batignolles)

    Division hiérarchique du travail

    « les femmes sont largement majoritaires dans les postes d’agents de service, d’employés et de maîtrise administrative (avec respectivement 73 %, 63 % et 90 % de femmes),les  postes  de  chefs  d’équipe  sont  répartis  à  parts  égales  et  les  hommes  sont majoritaires  sur  les  postes  de  maîtrise  d’exploitation  et  de  cadres  (avec respectivement 63 et 68 % d’hommes) »

    L’essentialisation des compétences professionnelles des femmes

    La division du travail trouve une justification idéologique dans l’essentialisation, la naturalisation des qualités dites « féminines », s’appuyant en partie sur les qualités supposées du travail domestique. Les qualités « féminines » étant jugées naturelles, elles ne sont ni considérées comme des compétences techniques dans les conventions collectives par exemple, ni nommées, ni valorisées. Les compétences féminisées rendent des pans entiers du travail des femmes invisibles : relations humaines, temps de déplacement, soins etc.

    Ce qu’il y a de commun entre les métiers très majoritairement féminisés, c’est la très faible reconnaissance, voire la négation, des aptitudes professionnelles qu’ils requièrent. Pour nombre d’entre nous, une bonne partie de notre travail dans l’emploi est invisibilisée faute de valorisation professionnelle dans les conventions collectives ou les politiques salariales en vigueur.

    Ainsi, s’il est visible et régulièrement dénoncé que les femmes subissent « le plafond de verre », c’est-à-dire que nous n’arrivons pas à accéder aux postes les plus élevés dans la hiérarchie salariale… Il est beaucoup moins fait mention du « plancher collant » auquel beaucoup d’entre nous sommes scotchées : nous occupons pour une bonne partie d’entre nous des postes déconsidérés, mal payés et donc les aptitudes professionnelles requises sont dépréciées, naturalisées au motif qu’elles relèveraient de notre « nature de femme ». Tout ceci n’étant qu’un corpus idéologique à même de justifier l’exploitation de notre travail à un double titre : capitaliste et patriarcal.

    Le travail invisible des femmes prend de multiples facettes dans la sphère privée. Et, s’il est parfois reconnu comme du travail dans la sphère professionnelle, c’est avec une dévalorisation économique conséquente. Pour exemples de travail essentiellement gratuit porté très essentiellement par la classe des femmes au profit de la classe des hommes :

    • le travail ménager ou travail domestique
    • la charge mentale
    • le travail de la conversation (cf.Corinne Monnet, La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation : https://infokiosques.net/imprimersans2.php?id_article=239)
    • le travail émotionnel ou charge affective (cf.Arlie Russel Hochschild, Le prix des sentiments. Au cœur du travail émotionnel », La Découverte)

    Les enjeux de la reconnaissance des compétences sont multiples :

    • C’est celui de la qualification professionnelle, donc du salaire et de son évolution dans les grilles salariales.
    • C’est celui de la division hiérarchique du travail avec le classement dans la hiérarchie.
    • C’est celui de la division horizontale du travail : par la (re)connaissance des compétences et savoir-faire comme tels, l’étanchéité des secteurs d’activité et des métiers est moins forte. Il n’y a pas de secteurs ou de métiers féminisés, masculinisés.

    L’enjeu de la reconnaissance des compétences liées aux métiers féminisés est celui de surmonter l’impasse liée au fait que le travail des femmes est moins valorisé, parce que ce sont des femmes qui le font, c’est-à-dire à la naturalisation des tâches : l’impasse est que, quel que soit le travail réalisé par les femmes, elles seront toujours moins payées, reconnues, etc. en s’appuyant sur l’idéologie de l’essentialisation. Mais si l’on reconnaît et valorise les qualités supposées féminines, on les dénaturalise. Elles ne sont plus ni féminines, ni masculines. Ce faisant, les métiers, les secteurs ne sont plus ni masculinisés, ni féminisés.

    C’est aussi celui de pouvoir nommer les risques professionnels liés, de les prévenir, de les inscrire comme déclencheurs de maladies professionnelles ou d’accidents du travail, de former. 

    Les hommes ont des salaires plus élevés que les femmes

    Il est désormais assez connu qu’à métier équivalent les hommes gagnent 30 % de salaire en plus que les femmes et, de plus en plus, syndicats traditionnels semblent en tenir compte dans leurs revendications et, peu à peu, les politiques publiques bougent en la matière (ou du moins font semblant). 

    cf. https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux?id_theme=15

    Il est indiqué que les femmes gagnent 23 % de salaire en moins que les hommes… Il serait donc plus juste selon nous de considérer que ce sont les hommes qui gagnent 30 % de plus que les femmes : mêmes valeurs absolues, mais pas le même message véhiculé.

    Ceci s’explique en partie par le fait que les femmes sont désavantagées dans tout ce qui relève des négociations individuelles (pour une augmentation de salaire ou une promotion professionnelle), notamment du fait de notre socialisation genrée. Or, le syndicalisme révolutionnaire a pu imposer dans le secteur public le salaire à la qualification personnelle sur la base de grille de carrière et indices de rémunération; et dans le secteur privé, la mise en place de conventions collectives avec des grilles de salaires identiques par métier dans une même branche professionnelle, mais les employeurs, soutenus par des syndicats peu scrupuleux, cassent ces grilles et imposent une rémunération « au mérite » qui nous divise… Et qui se fait quasi systématiquement au détriment des femmes (cf. https://louiemedia.com/travail-en-cours/tag/n%C3%A9gociation)  

    Ce sont les femmes qui subissent très majoritairement les postes à temps partiels. Contrairement à une idée répandue le temps partiel est imposé par l’employeur et non pas « choisi » par la salariée. D’ailleurs peut-on réellement parler de choix quand il s’agit de se libérer du temps pour s’occuper de son foyer, des enfants, des courses, du ménage… c’est-à-dire d’une autre forme de travail, celle-là totalement invisibilisée donc sans aucune contrepartie financière claire. La conséquence du travail domestique dévolu aux femmes se traduit dans l’emploi par le temps partiel. Il réduit le salaire (parfois pour un travail équivalent à un temps plein en dépit du temps partiel) et la pension, ferme les carrières. Les exonérations de cotisations sociales patronales dans les années 90 ont renforcé le recours au temps partiel par les femmes. La fixation de seuils bas de temps partiel dans les conventions de branche permet parfois de déroger à la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 qui avait fixé par principe ce seuil à 24 heures hebdomadaires.

     Le congé maternité et le congé parental sont des conquêtes sociales qui reconnaissent la maternité et la parentalité comme un travail effectué hors de l’emploi… mais cette reconnaissance est aujourd’hui bien trop faible pour ne pas pénaliser les femmes lorsqu’elles retournent dans l’emploi et n’incitent pas les hommes à également prendre un congé parental sans risquer de nuire à leur « carrière professionnelle », donc à leur augmentation de salaire. 

    Or, ces plus faibles rémunérations se répercutent dans le calcul de nos pensions de retraite et de nos allocations chômage ; et les attaques successives que nous subissons de nos gouvernements successifs nous précarisent encore davantage. Ces régressions successives, soutenues par certains syndicats, entachent la philosophie originelle du régime général de Sécurité Sociale pour nous imposer le mythe du « j’ai cotisé, j’ai droit », là où le mécanisme de la cotisation sociale a ceci de formidable qu’elle permet de reconnaître du travail hors de l’emploi, sans que les patrons décident de qui doit être payé-e combien.

    Aujourd’hui, le calcul des cotisations sociales à l’inconvénient de reposer sur le salaire brut, ce qui nous méprend sur l’origine de cette cotisation et nous incite à penser à l’échelon individuel alors qu’il s’agit en fait de salaire socialisé qui ne dépend pas de « mon travail », mais de « notre travail ».

    La précarité ou sous-traitance des femmes dans l’emploi

    Les femmes sont majoritaires dans les formes d’emploi précaires (contrats courts, temps de travail fractionnés, horaires décalés et atypiques, sous-traitance), dans le sous-emploi (temps partiel dit « subi ») et dans le halo du chômage. 

    Les exonérations de cotisations sociales patronales jusqu’à 1,6 fois les SMIC limitent les augmentations salariales.

    Le fractionnement du temps de travail dans certaines professions pourrait être évité : par exemple dans le nettoyage, les donneurs d’ordre pourraient accorder le travail pendant l’ouverture des heures de bureau/usines, voire même la  réintégration des femmes de ménage dans les effectifs des sociétés/administrations, en lieu et place de la sous-traitance ; ou encore l’application aux salariés des entreprises extérieures les mêmes règles législatives, conventionnelles ou relevant de l’usage que celles applicables aux salariés de l’entreprise utilisatrice.

    L’amplitude journalière peut être grande pour certains métiers. La promotion du travail en heures non décalées est envisageable pour plusieurs d’entre eux, sinon une majoration des heures au-delà d’un certain horaire doit être appliquée.

    La sous-traitance aboutit souvent à la mise en œuvre de dispositions moins favorables aux salarié·es des entreprises sous-traitantes que des entreprises utilisatrices. Aussi, « un principe d’harmonisation des rémunérations et des conditions de travail doit permettre aux salariés des entreprises extérieures, en particulier aux hommes et femmes de  ménage  intervenant  dans  des  entreprises  relevant  de  conventions collectives  plus  favorables,  de  bénéficier  des  mêmes  avantages que  les  salariés qu’ils côtoient au quotidien » (rapport Ruffin, p. 56).

    La multi-activité et les multi-employeurs complexifient la situation des salariées, notamment en termes de déplacements entre les lieux de travail.

    Santé au travail

    Violences sexistes et sexuelles ; règles : congés menstruels (risque avec une généralisation de non recrutement de femmes ; endométriose plus d’une femme sur dix) et ménopause.

    Du fait de leur construction sociale, de l’organisation du travail dans la sphère professionnelle et de leur charge mentale dans tous les pans de leur vie, les femmes sont particulièrement exposées aux Risques Psycho-Sociaux (épuisement professionnel, burn-out).

    Dans les professions dites « indépendantes »

    Les femmes sont moins nombreuses que les hommes… et plus précarisées car elles ont moins de capital de départ pour monter leur entreprise et ont moins accès aux prêts bancaires. Il est commun de dire que « les banques ne prêtent qu’aux riches », on pourrait préciser en disant « aux hommes riches ».

     Du côté des syndicats, la division sexuée existe aussi

    Sous-représentation des femmes parmi les négociateurs syndicaux de branche et hiérarchie syndicale en général.

    Conclusion

    Il y a aujourd’hui plus de femmes actives, salariées, instruites, mais aussi plus de femmes au chômage, en situation précaire et en sous-emploi (cf. Margaret Maruani, Travail et emploi des femmes). La sphère professionnelle a été pensée et est façonnée par et pour les hommes ; une transformation profonde de notre société suppose de repenser de fond en comble l’organisation du travail et de mettre à mal la division sexuée dans laquelle nous sommes aujourd’hui enfermées, dans la sphère professionnelle comme dans la sphère privée : ce n’est pas l’égalité que nous voulons mais une autre société

    Exploitation et oppression intrinsèquement liées, la peur comme mécanique de la domination

     Les femmes représentent la moitié de l’humanité, qu’est-ce qui explique alors que nous nous laissions exploiter, dominer par la classe des hommes ? C’est notamment parce que les rapports de domination utilisent l’oppression comme outil de maintien de l’ordre établi. L’oppression c’est tout ce qui crée de la peur : peur économique et peur des violences au boulot comme à la maison.

    Les violences faites aux femmes au travail, ça participe de leur exclusion de la sphère professionnelle et de leur dépendance économique à leur compagnon, conjoint.

    Le système d’exploitation capitaliste et patriarcal exerce de la violence sur les femmes

    Dans les syndicats : malheureusement, nous faisons le même constat d’une forte oppression des femmes au sein des syndicats et de la répression majeure dont elles font l’objet quand elles se mobilisent sur ces sujets.

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