Un salaire à vie pour les artistes et les intermittents : vers une Sécurité Sociale de la culture
18:00 -
Strasbourg
Catégories | Conférence Débat Rencontre |
Intervenants | Bernard Friot |
Organisateurs | Blue Note Café |
Bernard Friot est économiste et sociologue du travail. Spécialiste de l’histoire de la Sécurité Sociale, il a notamment publié L’enjeu du salaire (2012), Le travail, enjeu des retraites (2019) et plus récemment un livre d’entretiens avec Fréderic Lordon, En travail : conversations sur le communisme (2021). Ses recherches lui ont permis de théoriser le « salaire à vie » ou « salaire à la qualification personnelle » en étendant à toutes les dimensions du travail le principe de la cotisation sociale ; une revendication également portée par l’association d’éducation populaire Réseau Salariat.
Alors que les confinements répétés ont mis en lumière la détresse d’une grande majorité d’artistes ou d’intermittents du spectacle, cette rencontre avec Bernard Friot sera l’occasion de discuter de nouvelles perspectives pour la reconnaissance du travail culturel. A partir de l’idée du salaire à la qualification personnelle, financée par la cotisation sociale, comment imaginer un statut protecteur et attestant de la valeur « productive » du travail culturel ? Autrement dit, comment faire advenir une Sécurité Sociale de la culture en tirant les enseignements des luttes pour les retraites et la santé au cours du XXe siècle ?
Points-clés à aborder pendant la discussion :
1= Définir le salaire à la qualification personnelle
-> Ce qui différence le revenu de base ou revenu universel de la proposition de B. Friot.
-> Quelques retours historiques sur la création du régime général de la Sécurité Sociale : la définition du travail, un enjeu politique, le principe de la cotisation, etc.
2= Le salaire à la qualification personnelle pour les travailleurs du secteur culturel
-> Comment passer du système des « cachets » à celui du salaire socialisé ? Ex : en cas de crise comme celle du covid, comment passer de la logique de « solidarité » avec les travailleurs de la culture à celle de la reconnaissance de leur travail ? La question du « déjà-là » pour le secteur culturel.
-> Les régimes de l’intermittence (annexes 8 et 10) : une chance ou une contrainte ? A la fois un système très précarisant et qui ne permet pas une réelle « reconnaissance » du travail culturel ; pourtant presque 50 % du salaire y est socialisé (indemnisation chômage). Objet des luttes : diminuer le nombre d’heures obligatoires d’emploi de 507 à 0 ?
3= Organiser la production et la consommation du travail culturel ?
-> Les paradoxes du marché : ce qui a permis à de nombreux artistes de sortir de l’asservissement du mécénat nobiliaire au XVIIIe siècle ; aujourd’hui : starification et vedettisation de quelques-uns et relégation d’une grande majorité ; la question du prix de la production artistique et de l’intervention de l’Etat.
-> La production culturelle est-elle une production comme les autres ? Socialiser les risques liés à la santé, est-ce le même « geste » que la socialisation du travail culturel ? La culture a-t-elle un caractère « essentiel » : si oui, pourquoi, etc.