Conférence gesticulée de Bernard Friot : Je veux décider du travail jusqu’à ma mort

Vendredi 6 décembre 2019  
19:00 - 22:30
Amiens
Adresse:
Le Mic Mac
70 Rue Chabannes
80000 Amiens
Catégories Conférence
Intervenants Bernard Friot
Organisateurs Amiens 2020 - Pas Sans Les Amiénois.es La Boîte sans projet
Présentation

A quelques mois des municipales d’Amiens, Colère du Présent avec des collectifs militant.e.s amiénois.e.s ont décidé de mettre au débat la question du travail, de l’emploi, ….

« Plus je suis retraité, plus je suis féministe, car j’éprouve ce qu’a d’humiliant le fait d’être nié comme producteur et exalté comme « très utile », « bénévole » et autres lots de consolation. Je refuse d’être confiné dans une retraite de « solidarité intergénérationnelle ». Je refuse l’invitation à « me calmer », à « prendre du temps pour moi après avoir tant travaillé ». Je refuse un hors-travail dont l’aliénation est à la mesure de celle du travail dans le capitalisme. Je milite pour le temps sans âge, je refuse de devenir vieux à force d’être marginalisé sur l’essentiel : la responsabilité économique. Je ne veux pas être amputé, comme retraité, de l’autre dimension constitutive du travail, à côté de son utilité sociale : la production de valeur. Je veux consacrer mon expérience professionnelle à explorer, avec toutes celles et tous ceux qui sont décidés à sortir le travail de la folie anthropologique et écologique du capital, des chemins nouveaux, communistes, d’un travail qui ait sens, centré sur le travail vivant, dans la coopération et hors de toute subordination.

C’est pourquoi je refuse d’être considéré comme un improductif et d’avoir comme pension le différé de mes cotisations consignées dans un compte. J’exige au contraire d’être payé jusqu’à ma mort par une pension à 100% de mon meilleur salaire net quelle que soit ma carrière, dans la poursuite de ce qu’a construit Ambroise Croizat et la CGT en 1946. C’est pourquoi je me bats pour que toutes et tous, de 18 ans à notre mort, nous soyons mis en responsabilité de produire une valeur économique libérée de la logique capitaliste, et donc décideurs des investissements et des qualifications, propriétaires de notre outil de travail et titulaires de notre salaire, trois droits qui doivent devenir des droits de la personne, le crédit, le droit de propriété lucrative et le marché du travail étant abolis. Ce communisme du travail concret est la seule alternative, enfin offensive, à la restauration capitaliste en cours depuis Rocard et que Macron veut poursuivre en supprimant le droit au salaire pour des retraités dont la pension serait le différé de leurs cotisations.. »

> Bernard Friot, professeur émérite à l’Université Paris Nanterre, est économiste et sociologue du travail. Ses travaux portent sur la sécurité sociale et plus généralement sur les institutions du salariat nées au 20ème siècle en Europe continentale. Chercheur à l’IDHES, il y est membre de l’Institut européen du salariat (www.ies-salariat.org). Adhérent à la FSU et au PCF, il participe à deux associations d’éducation populaire politique : Réseau Salariat (www.reseau-salariat.info) où il co-organise un séminaire mensuel à la Bourse du Travail de Paris, et L’Ardeur (www.ardeur.net) avec laquelle il donne deux conférences gesticulées : Oui à la révolution communiste du travail et Je veux décider du travail jusqu’à ma mort. Il a récemment publié chez PIE-Peter Lang (Bruxelles), avec Bernadette Clasquin, The Wage under Attack : Employment Policies in Europe (2013), à l’Atelier de création libertaire (Lyon) un débat avec Anselm Jappe : Après l’économie de marché ? Une controverse (2014) et à La Dispute (Paris) L’enjeu du salaire (2012), Puissances du salariat (2012, nouvelle édition augmentée), Emanciper le travail, entretiens avec Patrick Zech (2014, édition revue en 2015), Vaincre Macron (2017), Le travail, enjeu des retraites (2019).

Sur place : de quoi se restaurer et boisson.

Entrée : Prix Libre