Conférence Gesticulée "A quoi je dis oui"
Ou comment retrouver la dynamique de notre histoire populairede et par Bernard FRIOT
Je suis né en même temps que le régime général de sécurité sociale, et cette coïncidence explique peut-être ma passion de chercheur pour la sécurité sociale. En tout cas, il m’a fallu près de quarante ans pour comprendre que les créateurs du régime général en 1946 luttaient en révolutionnaires contre une sécurité sociale capitaliste déjà très développée à l’époque. Pour cela, j’ai dû me défaire de toute l’histoire officielle sur la prétendue naissance de la sécu en 1945 et sur sa fonction de justice sociale. Le gamin de milieu populaire que j’étais a dû changer complètement son rapport à la classe ouvrière, passer de son service à son école. Les travailleurs organisés ne sont pas des victimes dont le chercheur est solidaire. Ils ont commencé à se poser en classe en mesure de remplacer la bourgeoisie pour une production communiste débarrassée de la propriété lucrative, du marché du travail, du crédit et de leurs conséquences funestes. C’est à leur école que je me suis mis pour faire mon travail de chercheur en science sociale, à savoir épier l’émancipation en acte. Avec Aragon et Croizat, avec mémère Louise et la (non) falaise de Paimpol, je raconte ce que j’ai découvert et j’invite à renouer avec la fierté d’une histoire populaire qui ne demande qu’à être poursuivie.